Hypnose Paris: Laurent Gross, Sylvie Bellaud hypnothérapeutes, répondent à vos questions sur l'hypnose ericksonienne, l'EMDR, la formation. Avis de thérapeutes










Hypnose et Thérapies Brèves n°31 Edito du Dr Thierry SERVILLAT


DIS POURQUOI


Hypnose et Thérapies Brèves n°31 Edito du Dr Thierry SERVILLAT
Jeune adolescent, Milton Erickson se levait la nuit pour s’occuper du journal de son lycée. Puis se recouchait après avoir écrit des articles qu’il découvrait le matin suivant à son réveil.

Il est 22h26. Je ne suis pas trop en transe. Je vais essayer sa méthode pour écrire cet éditorial.
Sur quoi pourrais-je le faire ? Qu’est-ce qui m’amusé aujourd’hui ? J’ai bien ri avec ma dernière patiente tout à l’heure, adolescente en proie à des crises de boulimie (sans vomissements). Elle m’a demandé si elle pouvait aller dans du « fantastique », je lui ai donné l’autorisation, puis lui ai simplement proposé, une fois entrée en transe, de monter en montgolfière, verticalement et lentement, pour atteindre les nuages « roses et gris ». Puis comme je trouvai que tout cela allait trop lentement, je lui ai proposé d’imaginer, dans sa montgolfière, qu’elle était dans les nuages et d’y vivre un moment personnel qu’elle pourrait garder pour elle.

Après s'être réorientée, ma proposition de parler de ce qu'elle venait de vivre lui convenait manifestement, elle voulait partager son amusement : « J’étais dans le monde des Bisounours ! »

J’ai bien ri avec elle, pour lui montrer aussi que ce qu’elle venait de faire n’avait rien de ridicule. Elle venait de s’autoriser à vivre un moment enfantin, elle qui, m’avait-elle confié, n’en avait pas vraiment eu, d’enfance.
Ça y est, je sors maintenant de ma transe. Mais c’est bien sûr ! Je vois aussi maintenant pourquoi cela m’a amusé autant, et pourquoi je repense à cela en écrivant “ Bisounours ”. Ce mot a pris une toute autre connotation dans le monde de l’hypnose francophone depuis quelques mois. Ma patiente le savait-elle, au moins inconsciemment ? Est-ce pour cela qu’elle m’a souhaité en riant doucement une bonne soirée ?
Serais-je en pleine paranoïa bisoursinienne ? Et je retrouve mes pourquoi.

Pourquoi les psychiatres pratiquent-ils de moins en moins l’hypnose, et aussi de moins en moins la psychothérapie ?

Réponse : les tarifs des psychiatres rejoignent peu à peu au fil des ans le tarif des autres spécialistes. C’est une volonté délibérée des gouvernements successifs, afin que ces pratiques thérapeutiques relèvent des psychologues et des psychothérapeutes et coûtent moins cher à l’Etat.
Je suis décidément un peu bisounours moi aussi et j’ai besoin d’en savoir plus : mais pourquoi les politiques ont-ils laissé cette évolution se faire ? Réponse : parce qu’ils ne connaissent pas bien la psychothérapie et encore moins l’hypnose. Et aussi l’Assurance Maladie n’a plus de sous et donc se recentre sur les pathologies mettant en jeu le pronostic vital.
Décidément je ressens une certaine adhérence mentale, ce doit être la transe qui se réinstalle : mais pourquoi le traitement de la dépression, affection qui met en jeu le pronostic vital, n’est-il pas considéré comme relevant de l’Assurance Maladie ?

Réponse : parce qu’il y a trop de patients dépressifs en France pour les soigner tous, parce que cela coûte moins cher à court terme de laisser les patients se débrouiller tout seuls entre prise d’antidépresseurs peu efficaces, délai d’attente de 6 mois pour consulter un psychiatre (qui ne pratiquera pas de psychothérapie) et tentative d’aller voir un psychologue ou un psychothérapeute compétent pour lequel il se fera rembourser à grand peine quelques séances (quand il ne s’entendra pas dire que « les traitements de confort ne sont pas remboursés »).
… ….
Ça y est, je me réveille. Je vais à mon ordi. Oh… Pourquoi ai-je écrit un éditorial sur de tels sujets ?
Mais j’ai peu de temps pour me poser la question car j’ai un avion à prendre. Je vais enseigner en Auvergne et dois vite partir à l’aéroport.

Rentré dans l’appareil j’ai l’impression que les places ne sont pas attribuées, et, à part la destination et l’heure de décollage, je n’ai pas lu les autres détails de mon billet. Je m’assois sans réfléchir, sans regarder les numéros des rangées ni des fauteuils, vers où mon corps mal réveillé – j’ai travaillé une bonne partie de la nuitme porte. L’hôtesse de l’air approche pour renseigner une de mes voisines sur son numéro de place. Je comprends que les sièges sont attribués et regarde mon billet (que je n’avais non plus lu dans ses détails).
Je me rends compte que je suis assis sur le bon siège. Quelques minutes après l’avion atteint les nuages qui sont roses et gris.

Pour lire la version papier, cliquez sur l'image ci-dessous


A LA MANIERE DE – Dr Philippe AÏM
POUR VOIR UN PEU PLUS LOIN ? Premier à répondre à Dominique Megglé, c’est avec respect que Philippe Aïm triture la parole du maître. Avec audace aussi, il conjugue humilité et fierté pour contribuer à penser la question de la transmission entre générations. 2007 : Au moment du forum de Liège, je suis interne à Nancy. J’ai à peine 27 ans et je vais découvrir l’hypnose en m’inscrivant au D.U. d’hypnose médicale de Paris VI. Je me prends virtuellement une baffe en écoutant Roustang parler de l’hypnose et je « tombe dans la marmite». J’achète les premiers numéros de la revue HYPNOSE & Thérapies Brèves, et le premier article que je lis est le premier du numéro 1 : « Les thérapies brèves » par D. Megglé. Le style est percutant et attractif, les idées me passionnent. J’entame une autre formation l’année suivante à l’hypnose et aux thérapies brèves à Nantes et je me mets à pratiquer autant que possible.


TRANSE, RIPAILLES ET EMERGENCE – Béatrice Dameron
ECLAIRAGE NARRATIF. Un deuxième et dernier (pour ce numéro en tout cas !) apport eu débat, envoyé spontanément (comme le précédent) par une praticienne de la thérapie narrative. Et qui le nourrit ! Un triple merci à D. Megglé : Pour avoir instillé dans son article la vivacité nécessaire pour réveiller la torpeur des premières chaleurs estivales et saluer ainsi la sortie de la « période sèche » de l’hypnose, celle des unanimismes illusoires qui durent ce que durent les temps de crise. Pour offrir à nos synapses une bonne controverse, et donc l’occasion de pratiquer quelques étirements qui nous réchaufferont jusqu’aux premiers frimas. Rien de tel en effet qu’une querelle des Anciens et des Modernes pour enflammer derechef le débat à coups de surenchères, et offrir un boulevard aux professions de foi adverses ou autres revendications en intégrisme supérieur.


THERAPEUTES EN EXERCICE – Dr Fabienne Kuenzli
S’AFFRANCHIR DES IDÉES RESTRICTIVES. Un exercice à appliquer en supervision de groupe ou avec des professionnels de l’aide en proie à des difficultés. Pour élargir nos possibilités d’être utiles. La critique postmoderne a tenté de nous rendre sensibles à l’influence des idées sur nos pratiques. Jacques Derrida, en parlant de « pratiques déconstructives », nous engage constamment à prendre une position réflexive pour observer l’effet de certaines idées sur nos pratiques. Depuis 1994, j’ai utilisé la notion d’idées restrictives dans ma pratique et mes enseignements, sans la formaliser, pour décrire comment et en quoi certaines idées pourraient influencer nos pratiques. C’est aujourd’hui chose faite et voilà baptisées les nouvelles idées restrictives et leur ribambelle d’influence. Nous appelons « idées restrictives » des idées que nous avons tous reçues, parfois malgré nous, et qui limitent notre relation au monde.


UNE FAIM EN SOI – Cynthia Drici
HYPNOSE ET PROBLEMES DE POIDS. L’hypnose peut avoir une place de choix dans la thérapeutique des problèmes de surpoids et d’obésité. A condition qu’elle prenne délicatement en compte la pluralité des besoins du patient. Cynthia Drici nous montre comment cela peut être entrepris dans le contexte habituel ainsi que celui après une chirurgie bariatrique. S’il est vrai que chaque patient est différent, il y a des problématiques qui sont, elles, très récurrentes et similaires. En effet, tout comme il est fréquent de se voir adresser un patient pour un sevrage tabagique, il est également tout à fait courant de recevoir en consultation un patient (qui la plupart du temps sera d’ailleurs une patiente) qui souhaite « faire de l’hypnose pour perdre du poids ».


ZONE DE CONFORT – Thierry Zalic
LA FACILITÉ D’ÊTRE BIEN. Beau travail d’écrivain thérapeute, autour de l’apport quantique au sein des thérapies brèves. A tout moment, l’individu a le choix d’être bien (ou le mieux possible). Rien ne l’en empêche. C’est à partir de cette proposition, vraisemblable ou non, qu’une part de ma pratique a vu le jour. Elle s’est imposée à moi naturellement, comme un jour la transe pénètre celui qui l’a longtemps cherchée. Quand mes confrères multiplient les séances, une à trois séances suffisent pour que la vie s’allège. Le patient ne comprend plus comment il a pu en être autrement. Lecteur, ne crois pas là à une forfanterie; je témoigne comme il m’intéresse énormément de te voir témoigner.


HYPNO-PHILO : QUAND LA BEAUTE NOUS SAUVE – Dr Thierry Servillat
Le titre du dernier livre de Charles Pépin, jeune (40 ans) professeur de philosophie, ne pouvait que m’interpeler. Surtout avec le Jaune et or de Mark Rothko en couverture. Si comme moi vous n’avez pas encore de culture dans ce champ difficile qu’est l’Esthétique, ce livre est pour vous. La première phrase : « Commencez par imaginer une femme…» démarre fort pour nous hypnothérapeutes. L’auteur nous propose d’avoir affaire à quelques humains qu’il met en situations afin d’illustrer, mais aussi manifestement de penser son propos qui explore la question : que peut-on attendre de la beauté ?


QUIPROQUO, MALENTENDU ET INCOMMUNICABILITÉ : « AUCUNE IDEE » - Dr Stefano Colombo et Muhuc
- Allô, docteur Reçoit ?
- Bonjour, je regrette mais, actuellement, je ne reçois pas.
- Non, je veux dire : êtes-vous bien le Dr Reçoit ?
- Ah, oui ! Bien sûr : Reçoit en personne.
- J’espère ! Vous n’allez quand même pas consulter par courriel ou Skype.
- Je voulais dire que c’est bien le Dr Reçoit en personne qui vous répond.
- Permettez-moi une question : comment peut-on être médecin et avoir un tel nom?
- Aucune idée.
- Comment aucune idée ?
- Vrai ! Vous avez raison : comment peut-on avoir « aucune idée « si on n’en a pas.
- On n’en a pas de quoi ?
- D’idée justement !


RECHERCHE : L’HYPNOSE SUR LA VOIE DE LA SUBJECTIVITE – Antoine Bioy
Commençons par une étude épidémiologique d’envergure (Purohit et al, 2013), qui montre que l’hypnose, avec d’autres thérapies « corps esprit » (selon la classification OMS), est un recours spontané pour les patients ayant des troubles neuropsychiatriques (anxiété, dépression, insomnie, maux de tête, troubles de la mémoire, déficits attentionnels, troubles du sommeil journalier). Ainsi, sur plus de 23000 patients, un quart ont recours à ces thérapies complémentaires contre 15% dans la population générale. Les chercheurs montrent également que plus les patients ont de symptômes, et plus ce recours est important. La raison la plus souvent invoquée par les patients est un manque d’efficacité des thérapeutiques médicales traditionnelles. Pour autant, 70% des patients ne parlent pas de ce recours aux thérapies « corpsesprit » à leur médecin.


COINCIDENCES : L’URGENCE DE LA CRÉATIVITÉ – Olivier Prian
Bon anniversaire ! 10 ans déjà ! A cheval sur les années 2002 et 2003, l’effectif au grand complet du service des urgences de la Clinique La Sagesse à Rennes (soit une trentaine de professionnels de santé – infirmières, surveillante, aides soignantes, médecins – et les secrétaires pour la première partie) a suivi la formation « hypnose et douleur aigüe ». Ce fut, est-il besoin de le dire aux lectrices et lecteurs avertis de cette revue, une expérience des plus riches et particulièrement stimulante sur un plan créatif. Chaque session a été l’occasion de découvertes, de déséquilibres et d’apprentissages, en route vers un changement dont nous ne mesurions pas l’ampleur. Un questionnaire distribué un an plus tard soulignait ce changement des pratiques professionnelles à l’unanimité.


CUISINES ET MERVEILLES : MELONGENE, UNE ENIGME – Joëlle Mignot
Avez-vous déjà caressé une belle mélongène? Avez-vous déjà laissé lentement glisser la pulpe de votre doigt pour en sentir la finesse et le velouté ? Sa peau brillante et lisse est étonnante de douceur et de fermeté, sa robe améthyste profond protège une chair légère et absorbante qui ne demande qu’à se gorger de la meilleure huile d’olive pour en favoriser la cuisson lente et goûteuse, préparant une fête des sens…
« al-bâdinjân » ( ) en arabe puis mélongène en latin, melanzana en italien, elle répond également aux doux noms de brindelle à la Réunion et de bélangère aux Antilles, et patlican en turc où elle trône en reine dans la cuisine ottomane. Qui est-elle ?


HYPNOSE DÉTOURNÉE ET EMPRISE FLASH. NOUS DEVONS DIRE NON. Yves HALFON
Le mot « hypnose » est noble », mais il y a des manières « inacceptables » d’utiliser l’hypnose. Voici quelques réflexions sur la survenue médiatique de l’hypnose de rue, de l’hypnose « flash » et de l’utilisation malencontreuse de ces pratiques par des individus sûrement ignorant de la dangerosité de ces méthodes sur les personnes. A propos de l’utilisation inappropriée et choquante de l’hypnose par les hypnotiseurs de rue et de music-hall, et avec parfois la complicité naïve des sujets victimes de cette manipulation, nous pouvons dire qu’il se crée une relation perverse, qui pourrait être préjudiciable à la personne qui se prête au jeu du manipulateur.



Laurent GROSS
- Hypnothérapeute à Paris 11. - Formateur en EMDR - IMO et Hypnose. - Dirige le CHTIP Collège... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le 04/08/2017 à 00:12 | Lu 578 fois modifié le 23/07/2018



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